Alors qu’elle peut être considérée comme un médium capitaliste, la photographie nous pousse à la consommation en conditionnant notre rapport au corps et la manière dont nous le montrons. La commercialisation progressive des activités humaines transforme le corps et la façon dont nous l’habillons, suscitant l’admiration, la distraction, l’envie ou provoquant le dégoût.

Pourtant, la mode et la photographie parviennent, parfois, à transcender les frontières de cette économie esthétique. Dans La Vie de Camille, Sarah Stone porte un regard frais, joueur et tendre sur son sujet, qui va à l’encontredes représentations trop souvent stéréotypées du corps féminin. Ici, elle nous montre une certaine idée de liberté, et non pas un corps-objet.

L’exercice de la photographie est, pour Sarah Stone, un moyen de se découvrir, de révéler, de se positionner par rapport à l’autre. L’ensemble de son œuvre se concentre sur des figures féminines fortes à laquelle elle s’identifie : sa mère , dans “ANNA”, sa colocataire dans “La Vie de Camille”). Les corps des protagonistes y sont montrés fiers, défiants, autonomes.

Camille se sait observée et photographiée, mais elle reste immuable, comme insensible à l’attention qui lui est portée. Dans l’intimité de ces portraits, le monde qui l’entoure semble inexistant. La garde-robe de Camille y est utilisée pour mettre en scène ses différentes incarnations : elle change d’apparence et semble toujours en mouvement, insaisissable. Elle s’offre à l’objectif, mais elle seule décide jusqu’àquel point elle peut être approchée. D’elle, on ne sait que peu de choses, mais la proximité réelleavec l’objectif est fascinante. On se sent si proche d’elle et pourtant, elle reste hors de portée. L’espace créé entre la photographe et son modèle est un espace de résistance à l’objectivation et la marchandisation du corps et de l’apparence.

Texte de Geert Goiris


As a capitalist medium, photography promotes consumption. It shapes our self-image and how we present ourselves to the world. The progressive commercialization of human activities transforms our bodies and the way we dress them into spectacles for admiration, distraction, envy or disgust. And yet fashion and photography sometimes transcend the limitations of this aesthetic economy.

‘La Vie de Camille’ by Sarah Stone proposes a refreshing counterpoint to stereotypical representations of the young body. It is playful and theatrical, but never looses its genuine interest in a fellow human. An ideal of freedom is encountered here, not a product.

Stone’s photography functions as a medium for self-discovery and positioning. Her artistic practice is often triggered by a fascination/identification with a strong female figure (her mother in ‘ANNA’ and her Amsterdam roommate in ‘La Vie de Camille’).

In Stone’s portraits the protagonist’s body remains largely defiant and autonomous. Camille knows she is being watched and photographed, that her image can be shared. Yet she remains seemingly unmoved by the attention. The abstract audience does not exist. A sense of privacy remains, the rest of the world temporarily nonexistent. Camille’s extensive wardrobe is being put to use to stage different incarnations of herself. Like an accomplished shapeshifter she is always in motion, elusive yet close.

She makes herself available but decides when and how close the camera may come. We don’t find out much about her, but the proximity is fascinating. We get very near but Camille remains untouched.The safe space that the photographer and model have set up together and share with us is an inspiring resistance to the objectification and commodification of appearance.

Written by Geert Goiris

Camille-Anaïs est née à Bordeaux et a grandi dans le Pays Basque. A l’âge de huit ans, elle a rejoint sa mère, partie faire le tour du monde, en Chine, où elle a passé deux semaines et découvert les couleurs de l’Orient. Son père, cuisinier, travaille dans un restaurant. De fait, Camille est une cuisinière hors pair et il lui est facile d’identifier tous les ingrédients d’un plat. Sous l’impulsion de son oncle, elle a commencé très jeune à dessiner, activité à laquelle elle s’est consacrée la majeure partie de son enfance. A son entrée en école d’art, elle est l’une des premières à s’habiller avec des pièces vintage. Sa première relation sérieuse débute lorsqu’elle a dix-huit ans, et se terminera à l’aube de ses vingt-cinq ans.

En 2012, elle décide de venir étudier la mode à Amsterdam, là où elle réside encore aujourd’hui et où elle travaille comme créatrice dans le prêt-à-porter féminin.

Camille est une lectrice assidue : elle a dévoré les livres de Jean-Paul Sartre, est une fan de la série épique Le Trône de Fer de George R.R. Martin, ou également des grands classiques de la littérature anglaise, comme Jane Eyre de Charlotte Brontë.

Camille possède une garde-robe impressionnante : elle collectionne de tout, des vestes Escada ou des Simone Roncha de seconde main. Elle raffole en particulier des motifs floraux, qu’ils soient imprimés ou brodés. Bien qu’elle soit une jeune femme douée et créative, dotée d’un sens de l’humour piquant et un esprit éclairé, Camille peut parfois se révéler mélancolique.

Camille puise son inspiration dans les œuvres d’artistes comme Yves Klein, Ellsworth Kelly et David Hockney, elle écoute aussi bien du Bill Evans que la radio FIP et elle est en train d’apprendre à jouer du piano. Elle est aujourd’hui dans sa seconde relation sérieuse, et vit avec son partenaire dans le centre d’Amsterdam.

Camille est un personne discrète, et elle utilise très peu les réseaux sociaux. Sa bio sur Instagram est :‘BLEU BLANC ROUGE AND GREEN AND YELLOW.’


Camille-Anaïs was born in Bordeaux and grew up in the Basque Country. At the age of eight she joined her young mother, who had left France to travel the world. Camille went to China for two weeks and her eyes were exposed to the vivid colours of the East.

Camille’s father is a chef and works in a restaurant. Likewise, Camille is a skilled cook and will identify several, if not all, ingredients in any dish that she is presented with. Camille spent a large portion of her childhood drawing, mostly taught by her uncle. When she went to high school she was one of the first girls to start dressing in vintage. She had her first long-term relationship at the age of eighteen which lasted until she was twenty-five.

In 2012, she left France to study Fashion and Design in Amsterdam where she remains to live and work as a colourful womenswear designer.

Camille is an avid reader; she has read books by the French philosopher Jean-Paul Sartre, the series of novels ‘A Game of Thrones’ by George R.R. Martin as well as some classical English literature such as ‘Jane Eyre’ by Charlotte Brontë.

Camille has an epic wardrobe. She collects clothes that range from second-hand Escada jackets to Simone Rocha. She is also fond of flowers, especially flower printed fabrics or embroidered flowers on cottons.

Camille is a highly-gifted and creative woman but goes through spells of melancholia and deep existentialist questions.

Camille has a bright sense of humor and a gifted mind. The main artists that have influenced her include: Yves Klein, Ellsworth Kelly and David Hockney. Camille enjoys listening to Bill Evans and FIP radio station and is currently learning to play the piano. Camille is in her second long-term relationship and they live together in the center of Amsterdam. Camille is a private person and doesn’t actively use social media but her Instagram bio reads: ‘BLEU BLANC ROUGE AND GREEN AND YELLOW.’

Written by Sarah Stone


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